L'armée américaine a "couvert" la torture de détenus par les autorités en Irak où des centaines de civils ont été tués aux barrages tenus par ses soldats, selon des documents confidentiels du site WikiLeaks révélés vendredi par la chaîne de télévision Al-Jazira.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, tout en refusant d'entrer dans les détails de ces révélations, a condamné la fuite de tout document pouvant mettre en danger "la vie des soldats et des civils des Etats-Unis et de leurs alliés".
Près de 50.000 soldats américains sont toujours déployés en Irak, après la fin de la mission de combat des troupes des Etats-Unis fin août. La sécurité est depuis confiée aux seuls Irakiens, dans un contexte d'impasse politique en l'absence d'un nouveau gouvernement près de six mois après les élections.
Al-Jazira cite les "principales conclusions" des documents secrets obtenus par le site internet WikiLeaks et datant du 1er janvier 2004 au 31 décembre 2009, après l'invasion américaine de mars 2003 qui a renversé le régime irakien de Saddam Hussein.
La chaîne satellitaire du Qatar, en citant ces documents, parle aussi d'un nombre "beaucoup plus élevé qu'officiellement annoncé" des victimes civiles durant le conflit et de l'implication présumée du voisin iranien dans le financement des milices chiites.
Les documents révèlent, selon Al-Jazira, que le conflit a fait "285.000 victimes dont au moins 109.000 morts" de mars 2003 à fin 2009. Parmi les morts, 63% sont des civils. Cela montre "que les forces américaines disposaient d'un bilan recensant morts et blessés irakiens même si elles le niaient publiquement".
Un bilan américain publié officiellement fin juillet faisait état de près de 77.000 Irakiens tués de 2004 à août 2008.
Les documents secrets font aussi état de 1.300 cas d'abus et de torture de détenus irakiens par soldats et policiers irakiens, ajoute Al-Jazira.
"Bien que l'un des objectifs de la guerre contre l'Irak était de fermer les centres de torture de Saddam Hussein, les documents de WikiLeaks montrent de nombreux cas de torture et d'abus de prisonniers irakiens (...) En plus, ils révèlent que les Etats-Unis étaient au courant de la torture sanctionnée par l'Etat (irakien) mais avaient ordonné à leurs troupes de ne pas intervenir".
En citant WikiLeaks, Al-Jazira fait aussi état de 700 civils tués "aux barrages tenus par l'armée américaine (...)".
"Des rapports de l'armée américaine sur des allégations liant le Premier ministre (sortant) Nouri al-Maliki aux escadrons de la mort" qui semaient la mort et la terreur au début du conflit sont également mentionnés par le site.
De même, "des documents révèlent de nouveaux cas impliquant (l'ancienne société de sécurité américaine privée) Blackwater dans des tirs contre des civils", sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle.
Sur l'Iran, la télévision fait état "de documents détaillant la guerre secrète de l'Iran en Irak, en évoquant le rôle des Gardiens de la révolution en tant que fournisseur présumé en armes des insurgés chiites".
Quelques heures plus tôt, WikiLeaks avait promis "une annonce importante" pour samedi matin, sans préciser laquelle, même si la presse lui avait prêté l'intention de publier des milliers de documents secrets sur la guerre en Irak.
Le site WikiLeaks, spécialisé dans le renseignement, a déjà diffusé de très nombreux documents confidentiels jetant une lumière crue sur les guerres en Irak et en Afghanistan, avec des révélations notamment sur les victimes civiles et les liens supposés entre le Pakistan et les insurgés.
WikiLeaks doit prochainement publier près de 15.000 documents confidentiels supplémentaires sur la guerre en Afghanistan, après en avoir publié 77.000 en juillet, provoquant une tempête médiatique et la fureur du Pentagone.
Source : AFP
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