mardi 1 mars 2011

Tunisie : Ahmed Ibrahim révèle les circonstances de l'annulation de la conférence d'Ettajdid à Sfax



M. Ahmed Ibrahim, premier secrétaire du mouvement Ettajdid, a considéré que ce qu'il a vécu à Sfax, lors du meeting du mouvement Ettajdid, qui devait se tenir, dimanche, dans l'une des salles de fête de la ville, a été "un véritable cauchemar", au vu de la gravité de la scène et du chaos qui s'est installé dans cet espace, en présence de familles, d'hommes, de femmes, de jeunes et d'enfants.

S'agissant des circonstances de l'incident, M. Ibrahim a insisté, au cours d'une conférence de presse, tenue par le mouvement Ettajdid, lundi, dans son siège à Tunis, sur l'intention délibérée de certains intrus, qui étaient au nombre de 400, de faire échouer ce meeting politique, organisée par la section de Sfax du mouvement Ettajdid, qui ont attaqué la salle des fêtes de la municipalité de la région, peu avant le démarrage du meeting et exigé des dirigeants du mouvement de quitter les lieux, refusant toute forme de dialogue en l'absence totale des forces de l'ordre.

Il a ajouté qu'environ 150 jeunes âgés de 18 à 24 ans ont pénétré de force dans la salle de réunion, scandant le slogan "dégage, dégage", ce qui a causé un désordre total sur les lieux alors que leurs compères, dont le nombre dépassait les 200 personnes et qui avaient en leur possession des armes blanches et des chaînes, sont restées à l'extérieur de la salle, ce qui a généré une atmosphère de terreur. Il a précisé que ces personnes ont commis ces actes "sous l'instigation de certaines parties proches du RCD et de structures syndicales régionales".

Le premier secrétaire du mouvement a rappelé avoir été la cible d'injures et de tentatives d'agression physique de la part de certaines personnes à Sfax, jusqu'à son arrivée à son hôtel de résidence, estimant que ces incidents sont une preuve irréfutable de la dérive sécuritaire dangereuse qui sévit dans plusieurs régions du pays et qu'ils s'opposent aux principes mêmes de la révolution.

Pour ce qui est des revendications exigeant la démission d'un certain nombre de responsables politiques du gouvernement provisoire, M. Ahmed Ibrahim a considéré que le terme "dégage" utilisé contre l'ancien régime, a été dévié de son sens pour fonder un véritable langage "fasciste", ajoutant que des menaces ont été proférées contre sa personne par "certains responsables qui prétendaient appartenir à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), alors que la centrale syndicale se désavoue de tels gens".

Il a ajouté que certaines parties cherchent à avorter la révolution et à la dévier de son objectif, en exploitant certains courants qui se disent de la gauche ou appartenant au mouvement "Ennahdha" pour lancer des opérations de harcèlement sous prétexte de protéger la révolution "alors que ces derniers ne représentent pas ces deux mouvements politiques", indiquant que "si la révolution a favorisé l'émergence de tels groupes alors cette révolution n'a plus de sens".

Au plan national, M. Ibrahim a souligné qu'il existe en Tunisie des parties qui veulent échanger la liberté contre la sécurité et que la dérive sécuritaire que connaît la capitale et plusieurs autres régions commande une véritable prise de position afin d'instaurer la sécurité, appelant toutes les parties "à faire preuve d'un minimum de responsabilité politique, à cesser les surenchères et le harcèlement, à arrêter de cacher derrière les manifestations et à s'ériger en porte-voix du peuple".

Il a considéré ce qui s'est passé dimanche 27 février à Sfax comme étant une tentative de contourner la révolution et une preuve irréfutable de l'existence d'une contre-révolution pour empêcher l'édification démocratique dans le pays, une question "qui nécessite le rétablissement immédiat de la sécurité dans le cadre du respect des libertés du peuple".

Il a souligné que le mouvement "Ettajdid" est respectueux des mécanismes qui fondent un véritable processus démocratique dans le cadre du consensus national, indiquant que le dialogue et le rationalisme représentent l'unique voie pour concrétiser cette aspiration, et que les élections sont la véritable expression de la volonté du peuple.

En ce qui concerne M. Béji Caïd Essebsi, qui vient d'être nommé premier ministre, M. Ibrahim a fait remarquer que tout le monde lui reconnaît ses compétences et ses potentialités professionnelles ainsi que son ouverture sur tous les courants et partis politiques. Il a salué, d'autre part, le rôle important joué par M. Mohamed Ghannouchi démissionnaire, au cours de la précédente période, démentant toute intention de sa part de démissionner du gouvernement provisoire.

Pour sa part, M. Samir Bettaieb, membre du secrétariat du mouvement, a présenté une liste nominative des instigateurs des événements de Sfax, précisant "qu'ils ne représentent pas les structures de l'UGTT qui ont dénoncé de tels agissements".

Il a indiqué que le mouvement poursuivra en justice les instigateurs et qu'il ne "tolérera à l'avenir aucune oppression à son encontre", appelant la majorité silencieuse à assumer sa responsabilité.

En réponse aux demandes d'éclaircissements des médias nationaux, M. Ahmed Ibrahim, a déclaré à l'agence TAP, que le parachèvement de l'édification politique des composantes de la société civile en Tunisie est en phase de construction" et que nul ne peut s'ériger en porte-voix du peuple ou des manifestants de la place de la Kasbah" ajoutant que la revendication de la démission des responsables politiques n'émane pas de l'ensemble du peuple et qu'il n'appartient à quiconque de dire qu'il représente le peuple ou sa volonté" car ceci serait une transgression de la liberté d'expression pour laquelle la révolution s'est déclenchée".


Source : TAP

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