mercredi 4 mai 2011

Tunisie : Le premier rapport sur l'état de la liberté d'expression après le 14 janvier


Le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a publié son premier rapport sur l'état de la liberté d'expression en Tunisie après la révolution du 14 janvier.

Ce rapport donne une lecture de l'état de la liberté d'information en Tunisie après la chute d'un régime totalitaire qui a muselé le secteur de l'information jusqu'au dernier moment avant la fuite du président déchu.

Le document présenté lors de la conférence de l'UNESCO sur "les médias du XXIème au service de la démocratie", organisée, mardi, à Tunis, a comporté 11 chapitres portant sur le parcours du syndicat, le paysage médiatique après la révolution, les aspects juridiques et réglementaires du secteur et la situation des différents médias (audio-visuel, agence de presse, presse écrite).

Il s'agit aussi de repertorier les violations et les dépassements enregistrés dans le secteur et la réalisation d'un rapport sur la déontologie de la profession journalistique.

Les forces rétrogrades et les vestiges de l'ancien régime constituent actuellement un obstacle devant les journalistes et entravent leurs efforts en vue de rompre avec les pratiques de l'ancien régime, précise le rapport.

La politique de marginalisation, ajoute le rapport, qui a prévalu sous l'ancien régime, a consacré les pratiques et les traditions attentatoires aux règles de la profession, ce qui a motivé la création d'un observatoire de la déontologie de l'information au sein du syndicat.

Le syndicat évoque également, l'exclusion dont souffre encore plusieurs journalistes indépendants, la montée subite de certaines figures médiatiques impliquées avec l'ancien régime et la pression exercée sur les journalistes jugées pour des erreurs commises dans le secteur de l'information sous l'ancien le régime déchu.

Le régime répressif et coercitif qui a marqué le code de la presse, précise le rapport, est une atteinte flagrante au droit d'accès du journaliste à l'information ainsi qu'au droit du citoyen à une information transparente, pluraliste et démocratique.

Le rapport comporte une série d'observations relatives au rendement des médias audiovisuels, de l'Agence de presse et des médias de la presse écrite.

Il fait la lumière sur la situation des professionnels particulièrement les jeunes journalistes et les journalistes de la télévision tunisienne ainsi que sur les pressions exercées sur certains journalistes après la révolution par les agents de la sécurité, les manifestants et les militants de certains mouvements politiques ou encore par leurs chefs hiérarchiques.

Le SNJT a relevé que le secteur n'a pas besoin après la révolution d'un code de la presse mais plutôt d'un code des procédures médiatiques.

Il a indiqué que toute réforme législative du secteur de l'information doit être tout d'abord examinée par la profession dans la mesure ou les journalistes sont les mieux habilités à connaître les besoins du secteur en matière de législation permettant de consolider la liberté de publication, de diffusion et de navigation de la toile, loin de toutes restrictions et menaces.

Le rapport appelle les entreprises médiatiques à la nécessité d'élire des comités de rédaction et à séparer l'administration des services rédactionnels de manière à permettre la diffusion d'une culture de responsabilité professionnelle.

Le rapport fait la lumière dans son préambule sur les différentes formes de restrictions et de harcèlement exercées à l'encontre du syndicat sous l'ancien régime depuis l'élection de son bureau en 2008 et qui a mené à l'organisation du congrès putschiste de aoot 2009.

Le rapport rend hommage au saut qualitatif enregistré aujourd'hui par le secteur de l'information en Tunisie après de longues années de censure, en ce sens qu'il reflète mieux les préoccupations et les intérêts du citoyen dans les régions intérieures malgré la dérive médiatique qui a donné lieu à de nombreuses défaillances et dépassements.

En ce qui concerne la convention collective de la presse écrite, le SNJT affirme qu'il est seul habilité à engager les négociations sociales, conformément au code du travail, affirmant son attachement au droit syndical et à la nécessité de l'insérer dans le texte de la constitution.


Source : TAP

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