lundi 20 avril 2009

Jazz à Carthage: l’Afrique était à l’honneur

jazzacarthage

Du 9 au 19 avril 2009, cette session de «Jazz à Carthage by Tunisiana» s’est caractérisée par une participation africaine importante mais aussi un éclectisme pertinemment programmé.

C’est sur le web que les premiers billets ont été vendus en des temps record ! «Jazz à Carthage by Tunisiana», dans sa cinquième édition, a enregistré un nouveau succès auprès d’un public assoiffé d’événements musicaux de qualité. Loin de la sonorisation défaillante et des conditions de spectacle désagréables, «Jazz à Carthage by Tunisiana» a encore drainé des milliers de spectateurs, amateurs et passionnés venus découvrir sur scène les performances de quelques vedettes de la scène jazz internationale. La communication déjà établie avec un site web aussi informatif que divertissant (www.jazzacarthage.com) mais aussi à travers des pages d’événements sur Facebook. La vente s’est aussi fiée au web sur www.scoop-tickets.com, depuis le mois de janvier, avec un pourcentage variant entre 20% et 30% des billets disponibles en ligne. Témoin de la réussite de la communication événementielle sur le web, la salle du Barcélo, hôtel hôte de l’événement, était archicomble au minimum durant 3 soirées dont celle d’Anouar Brahem et celle de Keziah Jones. A commencer, jeudi 9 avril, par la scène jazz britannique lors de l’ouverture avec Ray Gelato, maestro du swing et maître incontesté du saxophone, en passant par l’authentique scène jazz américaine représentée par Charles Lloyd, génie de saxophone et de flûte, un véritable monument du jazz dont la carrière a croisé celle des incontournables BB King, Keith Jarett, Don Cherry, Ornette Coleman ou encore Petrucciani. Les concerts de cette session nous ont permis de découvrir, en live, les multiples facettes que le jazz a pu prendre au fil des années. Nominé aux Grammy en 1997 et en 1999 ou encore winner du Miles Davies Award au Montréal Jazz Festival en 2006, le pianiste américain Brad Mehldau était de la partie.Quant aux amateurs d’un jazz puisant dans l’old school réinventant la new school, ils étaient gâtés avec l’humour et la sensibilité décapants du vocaliste d’exception, Kevin Mahogany. La cuisine interne de Scoop Organisation ne s’est pas contentée de cela, mais elle est partie plus loin que le jazz afin de nous faire découvrir d’autres couleurs musicales. Dans cette perspective, l’Afrique, terre d’origine de cette musique, était à l’honneur !

Remarquable participation que celle des artistes africains lors de cette 5ème édition de «Jazz à Carthage» ! «Certains américains et européens me disent que je fais de l’afro jazz alors que, non ! C’est tout simplement de la musique malienne, de la musique africaine !» déclare Oumou Sangaré lors d’une rencontre avec la presse après son concert. Accompagnée par 10 musiciens et choristes, Oumou Sangaré a ébloui un public tunisien peu familiarisé avec la culture de son propre continent et lui a fait découvrir plusieurs instruments très particuliers dans leur usage et leur spécificité sonore : la Calebasse et le Kamele N'Goni. Mais le moment le plus fort a été l’œuvre du Nigérian, Keziah Jones. «Peut être que ma musique est attachante, parce qu’avant quand je jouais dans les rues de Londres et ceux de Paris, je cherchais a attiré l’attention des gens par tous les moyens. C’est comme ça que j’ai commencé à me servir de ma guitare pas uniquement comme un instrument mélodique mais aussi en tant qu’instrument de percussion.» explique Keziah. Tirant son énergie des percussions africaines et son élan de l’usage particulier de la guitare, la musique de Keziah Jones a fait vibrer la foule lors de 2 concerts suite à l’annulation de la participation d’Ayo.

Voilà que l’inventeur du Blufunk s’est trouvé un public assoiffé de groove et à une association bien tressé entre les solos de performer de Keziah et son côté spontané du chanteur qui se met à torse nue avec la montée de chaleur dans la salle du concert.

Keziah se démarque par son attachement à ses origines africaines, et sa lutte pour l'égalité culturelle. Porteur de la négritude en musique comme le fut Sédar Senghor en poésie, Keziah s’est exprimé à ce sujet : « Toutes les mélodies et les compositions européennes ont des copyrights (droits d’auteur) et les musiciens européens et américains en prennent comptent, mais quand il s’agit des rythmes africains tout le monde peut en faire usage dans la totale légalité. C’est injuste et je pense qu’il y a un énorme travail à faire par rapport à ça.»

En première mondiale, Anouar Brahem a présenté son nouveau projet dont le disque paraîtra vers août 2009. Il y était bien entouré, dans une formation quartet installant une atmosphère plus chaude avec l’intégration de la percussion absente dans les dernières créations du grand enfant de Halfaouine. «C’est dédié à l’âme du poète palestinien Mahmoud Darwich !» confie Anouar aux quelques 1300 spectateurs. Offrant des morceaux comme "Ashiq Min Beirut ", "Raks Ala Al-Amwej ", "Tareeq Ila Djibouti " and "Ila Oyooni Rita ". Anouar Brahem Quartet venant de 4 pays différents (Tunisie, Allemagne, Suède et Liban), n’a cessé tout au long du spectacle de nous faire voyager, une destination après l’autre, jusqu’à ce qu’on se retrouve dans un lieu très particulier. Ni Djibouti, ni Moyen Orient, ni même la médina de Tunis… bienvenue au nouvel univers d’Anouar Brahem… Bienvenue en Afrique, premier producteur mondial de rythme !

Thameur Mekki
Source : Tekiano

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