samedi 4 avril 2009

Tunisie : Les banques françaises restent à la traîne

Avec des parts de marché de 18%, les filiales de banques françaises occupent encore une place marginale dans le paysage bancaire tunisien.


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« Contrairement à la banque marocaine Attijariwafa Bank qui a mis toute son expertise au profit de sa filiale tunisienne, pour l’extirper d’une longue descente aux enfers, les groupes français, adjudicataires des premières privatisations bancaires en Tunisie, continuent à dormir sur leurs lauriers ». La boutade d’un actionnaire minoritaire de l’Union Internationale de Banques (UIB), filiale à 52% de la Société Générale depuis 2002, est soutenue par les chiffres. Après deux exercices déficitaires, l’ex-Banque du Sud rebaptisée Attijari Bank-Tunisie suite à sa reprise, en novembre 2005, par le consortium maroco-espagnol Attijariwafa Bank/Banco Santander, a dégagé l’an passé un bénéfice net de 38 millions de dinars (1 dinar = 0,56 euro). Durant le même exercice, les résultats nets cumulés des trois filiales de banques françaises en Tunisie n’ont pas dépassé la barre de 35 millions de dinars.


« La dégradation des fondamentaux de la banque est essentiellement due à un sous-provisionnement chronique, à une mauvaise gestion prudentielle et à des faibles synergies avec le groupe Société Générale », indique Kamel Néji.


Un autre chiffre témoigne de la place marginale qu’occupent les banques françaises dans le paysage bancaire tunisien : les filiales de la Société Générale, de la Caisse d’Epargne et de BNP Paribas détiennent des parts de marché cumulées estimées actuellement à 18%, un niveau légèrement supérieur à celui de la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), la première banque privé du pays.



Déficit chronique à l’UIB


Fortement affectée par la crise financière et les pertes enregistrées dans son activité de trading, la Société Générale continue également à connaître des déboires avec sa filiale tunisienne. L’UIB, qui avait subi l’affront de voir le cabinet Deloitte refuser de certifier ses états financiers en août 2007, en raison d’une « présentation non conforme à la réalité », n’a pas réalisé de bénéfices depuis son passage sous la coupe du groupe français. En 2008, elle a traîné un déficit de 3 millions de dinars et un taux de créances douteuses de 35%, soit le niveau le plus élevé en Tunisie. Des soudains changements de patrons, intervenus depuis 2002, rendent compte des difficultés de la banque, dont la part de marché est tombée à 8%. Le Français Bernard David, directeur délégué de la banque de détail hors France métropolitaine du groupe Société Générale, a été nommé, lors d’une assemblée générale tenue en août dernier, président du conseil d’administration de l’UIB en remplacement de la Tunisienne Alya Abdallah. La même assemblée générale a nommé le Tunisien Kamel Néji directeur général de l’UIB, responsabilité assurée depuis août 2007 par le Français Dominique Poignon, lequel avait succédé à son compatriote Philippe Amestoy.


La nouvelle équipe dirigeante de la banque n’hésite pas aujourd’hui à faire porter le chapeau à la maison mère. « La dégradation des fondamentaux de la banque est essentiellement due à un sous-provisionnement chronique, à une mauvaise gestion prudentielle et à des faibles synergies avec le groupe Société Générale », indique Kamel Néji.


Selon lui, l’augmentation du capital de la banque à 196 millions de dinars contre 106 auparavant, le lancement prochain d’une banque d’affaires et l’ouverture de 25 nouvelles agences d’ici 2012, devrait permettre à l’UIB de voir le bout de tunnel. Le business plan 2008-2012 table en effet sur un bénéfice net de 6 millions de dinars en 2009, 16 millions en 2010 et 30 millions en 2011.



Portefeuille clients peu diversifié


La Banque Tuniso-Koweïtienne (BTK), dont 60% du capital a été racheté début 2008 par le Groupe Caisse d’Epargne (GCE) pour 300 millions de dinars, a dégagé un maigre bénéfice de 7 millions de dinars en 2008, selon les statistiques de la Banque centrale de Tunisie.


Avec quatre agences basées à Tunis, la banque, dont le conseil d’administration est toujours présidé par Charles Milhaud, président démissionnaire du GCE, est d’abord victime de son réseau commercial limité. « Cet handicap nous empêche notamment de répondre aux besoins formulés par les particuliers et les PME », indique un cadre de la banque, qui prévoit l’ouverture d’une vingtaine d’agences d’ici 2012.


A l’exception du lancement d’un compte d’épargne co-développement destiné aux émigrés Tunisiens en France en avril 2008, l’établissement non coté peine également à développer des synergies avec sa maison mère.


Du côté de l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie (UBCI), filiale à hauteur de 50% du groupe BNP Paribas, une relative embellie se confirme depuis quelques années. En 2008, le bénéfice net de la banque s’est situé aux alentours de 30 millions de dinars, alors que son chiffre d’affaires a atteint 140,7 millions de dinars, en progression de 13,82% sur un an.


La banque, fondée en 1961, est également parvenue à limiter son taux de créances classé à 8% fin 2008, grâce notamment à un grand effort de recouvrement.


Seul ombre au tableau : la banque dirigée par Slaheddine Bouguerra se contente de servir de bras financier aux quelque 1300 entreprises françaises implantées en Tunisie et fait preuve d’un certain manque de réactivité sur les niches porteuses, comme les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger ou l’immobilier.



Par Walid Kéfi,(lesafriques)

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