lundi 20 avril 2009

ONU:Pagaille à Genève pour la conférence sur le racisme

ahmadinejad-geneve

La Suisse qui se fait tancer par Israël, les Européens qui ne parviennent pas à trouver une position commune, les Etats-Unis qui prennent la poudre d’escampette… Un vent de panique a soufflé durant tout le week-end sur les grandes capitales européennes.

Hier soir, l’Union européenne hésitait encore entre un boycott et une participation minimaliste. Le Canada, l’Australie, l’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas s’abstiennent, car ils redoutent que la réunion ne soit dominée par des positions hostiles à l’Etat juif. La France, la Grande-Bretagne et la Belgique ont par contre exprimé leur intention de venir à Genève, alors que d’autres pays européens continuaient de tergiverser.

La conférence sur le racisme, qui s’ouvre ce matin à Genève, sent le soufre. L’accord arraché vendredi soir n’a pas tenu. Même «nettoyé» de son passage controversé sur la diffamation des religions, le projet de texte soumis à discussion à partir d’aujourd’hui recèle trop de pièges aux yeux des Européens.

La venue du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a en outre changé la portée de cette conférence. Les plus optimistes y voyaient une occasion de réconcilier Occidentaux et pays musulmans sur la question des droits de l’homme. C’était sans compter le goût prononcé du président iranien pour la provocation.

Première provocation
Hier après-midi, Mahmoud Ahmadinejad a donné raison aux plus pessimistes, qui pronostiquaient un détournement de la conférence à des fins politiques et une vendetta antisémite, comme à Durban en 2001. Juste avant d’embarquer dans son avion pour Genève, le président iranien a déclaré que l’Etat hébreu était le «porte-drapeau du racisme».

En quelques secondes, l’accord arraché de haute lutte entre les Occidentaux et l’Organisation de la conférence islamique (OCI) pour évacuer la question israélo-palestinienne des débats, a volé en éclats. Comment l’ONU va-t-elle pouvoir se sortir de ce piège? Le «machin» jadis tant décrié par le général de Gaulle accouche d’un truc qui fait pâlir d’inquiétude toute la communauté internationale.

L’Iran n’a pas l’arme nucléaire mais elle est en mesure d’atomiser la diplomatie onusienne. Prise au piège depuis qu’elle a annoncé sa participation, la Suisse est contrainte à l’esquive. Micheline Calmy-Rey a indiqué hier soir qu’elle n’irait sans doute pas «elle-même» à la conférence, pour ne pas cautionner «les dérapages» qui pourraient y survenir.

La confusion règne
Ce qui devait être la grand-messe des antiracistes est en passe de devenir une énorme gabegie. Les grands perdants, ce sont évidemment les victimes des discriminations raciales, de la xénophobie et de l’intolérance, où qu’elles se trouvent à travers le monde. L'ambition du processus de Durban était d’édicter une norme, une règle, une ligne de conduite commune et universelle, dans le respect des différences de chacun. On en est loin. Très loin.

Le voile d’infamie jeté sur la conférence par les gardiens de la révolution iranienne ne saurait pourtant occulter les efforts et progrès réalisés dans l’ombre ces dernières semaines. La ligne de fracture s’est déplacée. Plusieurs pays musulmans sont revenus à des positions plus modérées sur des questions pourtant très controversées. Les divisions ont surgi au sein des blocs régionaux, entre Européens, entre Arabes et entre Africains. On est passé d’une situation de confrontation entre Occidentaux et musulmans à une situation de confusion.

Source : 24heures.ch

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